8 mars 2012

Journée internationale des droits des femmes

Université de Lausanne, Bâtiment Internef, Auditoire 263, 8 mars 2012

1Des femmes reconnues dans leur métier ont accepté de partager avec nous leur engagement et leur vision. La diversité de leur parcours caractérise une présence plus forte de la femme dans tous les domaines de la société qui malheureusement ne se traduit pas souvent par une reconnaissance à la hauteur de leur action.

 

Cette journée est dédiée à toutes les femmes invisibles qui jour après jour contribuent à la société de demain avec courage, détermination ou abnégation, y compris dans les tâches les plus humbles.

 

 

 

Programme de la manifestation

114H – OUVERTURE « Pour que demain soit différent, mais en mieux. »
SOLANGE GHERNAOUTI-HÉLIE, Professeure HEC, Présidente de la Comission sociale de l’UNIL
ALI AGRANIOU, Président Diverscités
JUERGEN MULLER, Partner PWC

14H30 – MYRET ZAKI
Journaliste économique, rédactrive adjointe de Bilan, auteure de « La fin du dollar » éditions FAVRE

15H – FABIENNE KUHN
Diplômée de l’institut des hautes études en administration publique, syndicaliste, membre du Comité central du syndicat interprofessionnel Suisse UNIA

15H30 – RAMA MANI
Dr en sciences politiques de l’Université de Cambridge (UK), chercheuse à l’Université de Oxford, spécialiste des droits humains et de la prévention des conflits au niveau internationnal
Auteure notamment du livre « Beyond retribution, seeking justice in the shadows of war »

16H -16H-30 PAUSE

16H30 – PERPETUS NSHIMIRIMANA
Ancienne ambassadrice du Burundi aux Nations Unies – Réprésentante permanente du Burundi auprès de l’ONU et des autres organisations internationnales

17H – ANNE-CLAUDE LUISIER
Ingénieure EPFZ, Directive de Sensocreativ
Lauréate du prix Femme Entrepreneur de l’année 2010 – Catégorie Industrie

17H30 – MYLÈNE SAULOY
Journaliste grand reporter, réalisatrice de documentaires dont « Qui a tué Natacha ? » Prix 2011 de l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) décerné lors du festival du film international sur les droits humains

18H – YVETTE JAGGI
Dr en sciences politiques de l’université de Lausanne, Présidente de la Fondaction Microcédit Solidaire Suisse

18H20 –CLÔTURE

18H30 – PROJECTION DU FILM « Russie : Ozersk, Ville secrète nucléaire » DE MYLÈNE SAULOY (France -30’ – 2011)
En présence de la réalisatrice et de Nadezha Kutepova, avocate et sociologue, présidente de l’ONG Planète d’Espoir de défense des droits à la liberté et à un environnement décent pour les gens de la région

VERRE DE LA SOLIDARITÉ

Au sujet du film
Vingt ans après la dissolution de l’URSS, deux millions de Russes vivent encore au secret, comme à l’époque soviétique, dans quarante-deux villes closes dites “ZATO”. Des villes liées à l’industrie militaire ou à la production d’énergie nucléaire. C’est le cas de Ozersk et de son complexe de Mayak qui produisait tout le plutonium durant la guerre froide et qui est devenu aujourd’hui une poubelle nucléaire. Protégée par son statut de ZATO, le secret est tel qu’il a permis d’occulter, pendant près de trente ans, le premier accident nucléaire au monde : l’explosion en 1957 d’une cuve de déchets, suite à une panne du circuit de refroidissement. Cinquante ans plus tard, les victimes et les “liquidateurs”, obligés à nettoyer la région, attendent toujours de l’aide. D’autres sont irradiés jour après jour par les émanations des usines de retraitement d’uranium de Mayak…

« Pour que demain soit différent mais en mieux »

Discours prononcé par Solange Ghernaouti lors de la conférence

1

Mesdames et messieurs, chers amis,

Je vous remercie d’être avec nous ce 8 mars 2012 et avec nos invités qui nous font l’honneur et l’amitié  de partager leur expérience, pour célébrer la Journée Internationale des droits des femmes.

Je vous adresse, à titre personnel mais également au nom de la commission sociale de l’université de Lausanne, que je préside, au nom de la Fondation Erna Hamburger, dont je vais assurer prochainement la présidence, et enfin au nom de la faculté des HEC, une chaleureuse bienvenue.

Rappelons que je fus, en 1987, la première femme professeure de cette Faculté. C’était il y a 25 ans,  c’était hier me semble – t-il, mais 25 ans c’est surtout une génération, celles de nos enfants.

Cette après midi, est un peu pour eux, même s’il ne le savent pas. Elle est surtout dédiée à toutes les femmes invisibles qui jour après jour contribuent à la société de demain avec courage, détermination ou abnégation, y compris dans les tâches les plus humbles.

Il y a des phrases qui résonnent longtemps au plus profond de nous même, parmi toutes celles qui m’ont marquées, je reteindrai particulièrement l’affirmation du renard au petit prince lors de ses adieux :

« L’essentiel est invisible pour les yeux »
« L’essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir ».

Tout est là, tout est dit, tout est non-dits.

Il donc important de dire, lors de la journée internationale des droits des femmes, cet invisible qui contribue à maintenir une grande majorité des femmes de part le monde, y compris dans les pays dits civilisés ou développés, dans un état d’infériorité permanente, de domination ou d’humiliation. A cela s’ajoute le plus souvent un état de précarité économique.

Les chiffres suivants reflétant la situation des femmes en France en 2011 en témoigne :
« En France, les salaires des femmes sont toujours inférieurs de 27 % à ceux des hommes ; elles représentent 83 % des salariés à temps partiel et 80 % des salariés pauvres (moins de 550 euros).
70 % des tâches domestiques et 60 % des tâches parentales leur incombent.

10 ans après le vote sur la parité en politique, les femmes sont 18,5 % à l’Assemblée nationale, 21,5 % au Sénat, 12,3 % dans les conseils généraux.
13,8 % des maires sont des femmes, et seulement deux femmes président des conseils régionaux[1] ».

Ces chiffres se passent de commentaires. Ils ne nous concernent pas – effectivement il sont relatifs à un pays voisin, qui a inventé en 1789, La déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen et non ceux de la femme et de la citoyenne …

Dire l’invisible, certes pour se souvenir mais pas uniquement, pour nommer aussi les violences que subit un grand nombre de femmes et qui portent atteinte à leur intégrité physique ou morale.
Toutefois, cette année, nous avons choisi particulièrement de dire l’action des femmes qui affirment leur présence au monde.

Dire ce qui encore top peu visible afin de contribuer à élaborer une vision du monde qui tient compte de tous les individus, pour construire une société ou les discriminations envers les plus démunis et notamment envers la moitié de l’humanité que constituent les femmes n’existeraient plus.

Moi aussi j’ai fait un rêve … celui de rendre possible l’advenue de ce monde et le combat pour l’égalité me semble – t-il, devient une ouverture des possibles…

C’est  à la suite d’une conférence sur Internet et les droits de humains que j’ai réalisée ici  à HEC en 2009 que j’ai eu l’occasion de rencontrer monsieur Ali Agraniou, président de l’association Diverscités dont l’objet de favoriser et développer les expressions de la diversité et le dialogue entre les cultures, et de sensibiliser aux droits humains, à la sécurité humaine et au développement durable.
Cette manifestation est donc le fruit d’une rencontre et c’est avec lui que nous avons pensé cette journée dont le fil rouge est donné par le titre « Regards de femmes sur le monde demain ». Qu’il soit grandement remercié de sa collaboration efficace et pour son engagement entre autres, pour la cause des femmes.

Le parti pris de cette conférence est de mettre en avant les rôles et l’importance des femmes dans la société, en donnant la parole à des femmes exceptionnelles, pour partager avec nous, leur vision du monde au travers de leurs engagements et convictions.

C’est une manière de rendre visible l’action des femmes au travers de la diversité de leurs parcours et expériences, de témoigner de ce qu’elles font, de ce en quoi elles croient , des combats qu’elles mènent , dans l’urgence d’aujourd’hui pour que demain soit différent mais en mieux …

Elles contribuent à faire reconnaître les femmes en tant qu’êtres humains à part entière et  de ce fait faire avancer l’égalité entre les femmes et les hommes. Cause que je continue à défendre, même si je ne suis plus présidente de la commission Egalité des Chances de l’Unil.

Pour que demain soit différent mais en mieux, il nous faut relever le  défi de faire comprendre à tous les acteurs de la société que  :

  • Premièrement la société ne se construit pas sans les femmes ;
  • Deuxièmement, la différence des sexes et le droit à la différence, ne doivent pas conduire à la différence des droits…

Voilà en quelques mots pour ce 8 mars à l’Université de Lausanne, une prise de parole pour débattre de questions de société, pour contribuer à lutter contre une forme particulière de racisme et de discrimination des personnes, infligée à plus de la moitié de la planète, par l’autre moitié.

Car encore une fois, je ne peux que reprendre les propos de Benoîte Groult qui met en garde les optimistes «qui vivent dans l’illusion que l’égalité est acquise et que l’histoire ne revient pas en arrière»  car «rien n’est plus précaire que le droit des femmes» écrivait- elle en 2000, dans son livre Ainsi-soit-elle.

Malheureusement, un regard objectif porté sur la situation des femmes d’aujourd’hui, d’ici et d’ailleurs, lui donne toujours raison.

Rendons hommage également à l’ethnologue française Germaine Tillion, qui sa vie durant a su réunir action et travail de connaissance. Elle lutta contre la misère et le terrorisme, la torture et les exécutions et l’asservissement des femmes. Décédée en 2008, nous ne pouvons pas oublier ses propos :

«Il n’existe nulle part un malheur étanche uniquement féminin, ni un avilissement qui blesse les filles sans éclabousser les pères, ou les mères sans atteindre les fils.»

« L’asservissement ne dégrade pas seulement l’être qui en est victime, mais celui qui en bénéficie… ».

Avant de céder la parole à nos invités, je vais donner voix aux propos d’un homme et d’une femme, qui au Canada, comme nous aujourd’hui, partage nos défis, nos espoirs et la responsabilité de construire pour nos enfants, un monde plus juste.

Il s’agit de Éric Cornellier enseignant au primaire et de Sophie David employée des Postes  qui se sont exprimés hier dans le quotidien en ligne Ledevoir.com sur le thème « le combat féministe est encore nécessaire ».

Je les cite :
« Il nous reste donc à souhaiter que, chaque homme et chaque femme découvrent que l’exercice d’un pouvoir visant à limiter les épanouissements possibles de l’autre sexe ne peut avoir comme conséquence que d’appauvrir l’humanité en chacun des deux sexes»[2].

Souhaitons avec eux « que la libération des potentialités de chaque femme soit l’occasion pour chaque homme, d’un espoir renouvelé en l’avenir de l’aventure humaine » pour que plus jamais une étudiante de l’Université ne puisse un jour, reprendre à son compte la phrase de la sculptrice et peintre parisienne Niki de Saint Phalle, décédée en 2002 :

«  Un jour je ferais une chose impardonnable. La pire des choses dont une femme soit capable. J’abandonnerais mes enfants pour mon travail. Je me donnerais ainsi une bonne raison de me sentir coupable ».

Je vous souhaite un mémorable 8 mars 2012.



[1] http://www.pcf.fr/8201 – 6 mars 2011

[2] http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/318280/journee-internationale-des-femmes-le-combat-feministe-est-encore-necessaire – 7 mars 2012